



Le tableau, comme la carte postale, représente un pont sur un des bras du Crevon, aujourd’hui asséché. Dans le fond à gauche, on reconnaît le moulin Grivet/Videcoq, aujourd’hui occupé par Monsieur Thomas Bradford.
La carte postale porte, en bas à gauche, la mention « Edition Gibeau – L’H., Paris ». Monsieur et Madame Gibeau tenait une épicerie-café sur la place de la Mairie, en face des halles. Le photographe, Monsieur André L’Hoste, tenait une maison d’édition de carte postale, rue Lafayette à Paris. Il venait dans notre région faire des campagnes de photographies dans une voiture De Dion Bouton. Puis, il les imprimait pour ses différents commanditaires.
De gauche à droite, on a les ruines du château (tour 1), le moulin Videcoq, le lavoir et la maison de Madame Dupressoir, les maisons du coté Est de la place de la Mairie avec leurs dépendances, et à travers la végétation le coin Est de la Mairie (logement de l’instituteur) surplombant le toit du préau de l’école. Cette vue est assez inhabituelle par rapport aux autres de Blainville. Les recherches de Jean-Paul Noël permettent de dater la prise de vue d’avant 1910. Le personnage sur le pont pourrait être le chauffeur d’André L’Hoste, qui l’accompagnait lors de ses campagnes de prises de vue.
Visiblement, Amiot s’est inspiré de cette carte postale, dont il a reproduit fidèlement de nombreux détails. Le cadrage est quasiment identique, quoiqu’un peu élargi sur la droite par rapport à celui de la carte postale. Beaucoup de détails sont reproduits fidèlement, notamment les clôtures. Même la posture du personnage est reproduite à l’identique. Par contre, pour le premier plan, il a ajouté des plantes exubérantes qui font penser à celles du Douanier Rousseau dans son tableau «Le Rêve» ou «La Jungle». Les couleurs sont aussi bien évidemment de lui. La lumière blainvillaise, correspondant à une belle soirée d’été, est bien rendue, ce qui montre qu’il est plus qu’un simple copiste.
En bon observateur, il a noté l’aspect sinueux du premier peuplier de l’allée «Jouan», qu’il a un peu exagéré. Par contre il a fait disparaître la tour 1 du château médiéval qu’il a remplacée par de la végétation. Comme la carte postale date d’avant 1910, alors que le tableau est de 1925, il est possible que le lierre ait recouvert les ruines entre temps, et qu’Amiot ait eu du mal à interpréter ce qu’il voyait sur la photographie.